DOCTOR: I'm not afraid of ghosts.
TEGANA: Oh, yes, I forgot. You're the magician, aren't you?

Un épisode qui délaisse en partie la magie du voyage et les dangers “naturels” pour se concentrer exclusivement sur la tromperie de Tegana et le complot fomenté par ce dernier…

Et c’est super. Franchement, un des trucs qui empêchaient un tout petit peu le serial de décoller dans les précédentes parties, c’était que le spectateur savait très bien que Tegana était méchant alors que les personnages ne l’avaient pas encore tous compris. Ici, Tegana est clairement au centre de tout. Il tente clairement de manipuler Marco. Et j’ai beau adorer Marco, je comprends tout de même sa méfiance face à un tel adversaire qui lui retourne bien la tête :

TEGANA: You think they hold you in such esteem?
POLO: The Doctor, no, with good reason. The others, yes.
TEGANA: Marco, which one leads them?
POLO: The Doctor.
TEGANA: And leaders are obeyed.

Il faut dire aussi que le Docteur et ses compagnons font l’erreur de vouloir antagoniser Marco. On lui ment, on lui manque un peu de respect... Et à la fin de l’épisode, ils veulent carrément prendre en otage Marco pour le forcer à leur rendre la clé du TARDIS ! Ça va loin tout de même. Au passage, c’est toujours sympa la continuité sur la clé du TARDIS qui est combinée à un verrou spécial et que quiconque ne peut pas juste rentrer dans le TARDIS.

Bref, à trop être devenus soudés, par le sauvetage de Barbara notamment et plein d’autres marques de bienveillance entre Ian, Barbara et le Doc, ils en viennent à se mettre à l’écart de la troupe et se détourner de comment ils devraient agir dans l'histoire. Heureusement pour eux, les mensonges de Tegana ne peuvent pas durer et ses obligations politiques l’ont forcé à mettre en place un plan pour tuer les gardes et les autres, ce qui va sûrement permettre à Ian de sauver Marco ou quelque chose du genre, et de regagner leur confiance.

En tout cas, toute la dynamique entre les personnages est très plaisante, et ce thème du combat entre l’ouverture et la fermeture d’esprit, entre l’optimisme et la méfiance, est habilement mené dans cette partie où le mal semble, pour un temps, gagner. Et ainsi plane une tension durant tout l’épisode.

Et il y a autre chose que j’adore dans l’épisode, c’est la relation Ping-Cho/Susan. C’est un peu les Roméo & Juliette du serial (le sous-texte lesbien en moins)(quoique franchement de nos jours, on pourrait se le demander), à savoir qu’elle permette à leurs deux “familles” de cohabiter un peu. Ping-Cho plus globalement est vraiment un personnage surprenamment profond, je m’attendais à ce qu’elle soit juste une fille asiatique qu’on veut marier de force, mais elle est plus que cela : c’est avant tout l’amie de Susan qui vit le meilleur voyage de sa vie :

SUSAN: Ping-Cho, what's the matter?
PING-CHO: For me this journey, in spite of all the dangers, was the happiest time of my life, until Tun-Huang.

<3

Et puis, elle croit immédiatement Susan et veut les aider à prouver que Tegana est un méchant avec une réflexion pas bête (dommage que c’est encore trop “tôt” dans le scénario pour que Marco la prenne au sérieux). Mais globalement c’est surtout sa relation avec Susan qui est super touchante. Le moment où elle évoque à Susan leur futur départ et le fait qu’inévitablement, l’aventure s’arrêtera un jour, est vraiment un petit crève-coeur :

PING-CHO: It won't make much difference soon.
SUSAN: Why not?
PING-CHO: You will be leaving. Will you go home? Will you say goodbye to me before you leave?
SUSAN: Of course I will.
PING-CHO: Even if it is very late?
SUSAN: No matter what time of night it is.

Un peu comme Ping-Cho, j’ai envie de hurler à Marco que Tegana est un méchant, et un peu comme Ping-Cho je profite à fond de cette aventure car je sais que ça ne durera pas : Susan doit inévitablement repartir dans le TARDIS vers d’autres aventures, tout comme la série se doit d’avancer vers d’autres serials… Un petit sentiment mélancolique assez meta s’installe de la part de celle qui nous avait raconté la légende des Hashashins dans l’épisode précédent, ce qui est très bien vu.

Arrivée à son milieu, Marco Polo reste toujours autant, sinon même plus prenant qu'à son déjà bon départ.

Cette 4ème partie, dans la très bonne lignée de la 3ème, corse encore plus les choses vis à vis de nos héros, en jouant et complexifiant ce qui a fait jusqu'à présent le coeur et la force de l'épisode, bien plus que ces sympathiques péripéties : les relations entre les personnages, plus particulièrement entre les deux groupes de personnages, les cast regulars et les guest stars, Le Docteur, Ian, Barbara et Susan d'un côté, et Marco, Ping Cho et Tegana de l'autre. Car oui, les choses se sont tellement envenimées entre eux qu'ils forment désormais deux camps distincts, entre lesquels une vraie rupture c'est crée.

Le fait de ne pas céder à la facilité d'un Marco doutant peu à peu de son fourbe second, mais même carrément de renforcer la confiance qu'il a en ce dernier est une excellente idée, tant la tension n'en est que renforcée, quand bien même la nature positive du personnage de Marco devrait être normalement gage d'un minimum de sécurité pour eux.

Car, s'ils sont maintenant prisonniers et limités dans leurs actions et mouvements, mais bien traités et en bonne condition, au train où vont les choses, combien de temps faudra t'il à Tegana (personnage qui se complexifie encore plus ici, d'autant plus que le fait qu'on découvre que son allégence à Noghaï est connu de Marco et est même la raison de son voyage avec lui pour tisser une alliance entre lui et Kublaï Khan semble rendre le personnage définitivement intouchable aux yeux du seul personnage ayant le pouvoir d'aider nos héros à se sortir du pétrin dans lequel ils se sont mis) pour réussir à convaincre Marco de la nécessité de se débarrasser d'eux ? S'il n'arrive pas avant à carrément se débarrasser de tous le monde, comme l'excellent cliff de fin, qui en remet une belle couche, nous nous le fait sérieusement demander ...